• Réfléchir à son assiette

     Edgar's Mission

    Photo Edgar's Mission - 12/2014

     

             J'ai toujours fait mes courses au supermarché en regardant les prix, et en réfléchissant à ce que j'allais cuisiner pour midi.

    Les animaux sont partout, mais loin de moi cette considération : tout le monde fait comme tout le monde. D'ailleurs le steack, une fois dans l'assiette n'évoquait en moi aucune émotion.

    "C'est un steack. Point." Et puis j'avais d'autres préoccupations plus basiques et fondamentales à ma survie. Il a fallu un certain espace dans ma propre vie pour m'amener à réfléchir.

    Parallèlement, les us et coutumes de certains pays m'ont toujours horrifiées : le chien , même si ce n'est pas le mien , ébouillanté vivant et consommé dans la foulée : ah non !  

    Pour moi, il a toujours été clair que ces gens n'étaient pas obligés de faire ça pour survivre.

     

     

                 Et chez moi ? Dans mon pays les animaux de compagnie ne sont pas mangés. Dans mon pays les animaux de bouche sont tués proprement. Enfin, apparemment. Ca me rassure. J'ai bonne conscience ou presque.

    La vie d'un chien ou d'un chat a donc plus de valeur que celle d'un petit agneau. Mais qui a dit ça? Pour quelle raison ? Juste parce que c'est comme ça chez nous. C'est la coutume. Et le lobby agro alimentaire se frotte les mains. Tout va bien. Tout est normal. Ou presque.

    D'accord. Mais chez nous ils sont tués proprement. Je mange bio. Ceux qui viennent d'élevage bio sont mieux traités que ceux élevés hors-sol dans des conditions déplorables. D'ailleurs je n'ai pas envie d'y penser. C'est trop compliqué. Et puis dans la nature les animaux tuent pour manger. Oui mais il ne s'agit pas d'abattage industriel. Certains sont carnivores stricts, alors que nous , non. La comparaison entre la souris rapportée par le chat sur le paillasson et ce qui se passe dans l'abattoir de ma ville ne tient pas. 

    Alors voilà : je ne mange pas de chien ou de chat parce qu'on n'en trouve pas dans le rayon boucherie du supermarché. Et aussi parce qu'on tisse des liens avec ceux-là, ils sont intelligents. On peut partager des émotions. Les gens qui aiment les chevaux sont rarement hippophages. Ceux qui ont des lapins de compagnie auront plus de difficultés à manger du lapin. Si je commence à m'intéresser de plus près à d'autres espèces je vais avoir de drôles de surprises. Etonnant de voir comme ça dérange. Comme ça peut agacer. Certaines personnes en deviendraient agressives. Pas facile de remettre en cause quelque chose de bien établi. De normal. De confortable. Personne n'a dit que c'était drôle de parler de tout ça. C'est difficile. 

     

     

    " En fait, si une personne est méchante avec un animal, c'est considéré comme de la cruauté, mais quand beaucoup de gens sont méchants envers les animaux, en particulier au nom du commerce, la cruauté est tolérée et, une fois que de grosses sommes d'argent sont en jeu , elle sera défendue jusqu'au bout par des gens par ailleurs intelligents. "


    Ruth Harrison (1920-2000) , auteur d'"Animal machines".

     

     

     

                    Notre société fonctionne sur la rentabilité. C'est une nécessité pour toute entreprise. Personne n'est assez naïf pour croire que les abattoirs font exception. Il n'est pas question de halal ou autre casher. C'est juste que le temps, c'est de l'argent et saigner à vif sans étourdir est un gain d'argent.

    Quelques exemples : 

    • L'association L214 a tourné des images dans l'abattoir Charal de Metz montrant comment l'animal est du matériel. Pas acceptable pour peu qu'on est un dixième d'empathie. 

     

    • L214 , c'est aussi cette association qui a  dénoncé le traitement fait aux poussins mâles.

     

    • Anne de Loisy, journaliste d'investigation sème la pagaille dans la filière de l'agro-alimentaire. Son interview dans Paris Match et son livre ne passent pas inaperçus.

     

    • L214 dénonce aussi les agissements de la société Soulard, entreprise produisant du foie gras. Ils dénoncent et portent plainte mais perdent à chaque fois les procès car la loi française interdit de diffuser des images de la vie privée ou professionnelle sans l'accord des intéressés. Pratique pour les exploitants. Mais trop tard pour eux : les images sont passées aux journaux télévisés de 20 H.

    Il existe bel et bien un fossé entre les publicités glam' diffusées et la réalité du terrain. Le foie gras en est un bel exemple.

    Manger l'organe d'un animal rendu malade -il a une stéatose, ça n'est pas glamour. Autant manger la lipidose hépatique de votre chat. Ou une tumeur. L'animal en question est nourri de force. Soyons sérieux, les éleveurs veulent nous faire croire que tout ça est normal et éthique car c'est leur gagne-pain qui est en jeu.

    Même en étant peu sensible au sort du canard, on est en droit de se demander si tout cela est bien éthique : pourquoi d'autres pays interdisent la vente de foie gras ? Pourquoi d'autres pays interdisent le gavage? Pour la bonne et simple raison que nourrir un animal de force est un acte de maltraitance. C'est douloureux. Pas éthique du tout.

     

      D'ailleurs la Directive européenne  du 20 juillet 1998 précise :

    « les animaux reçoivent une alimentation saine, adaptée à leur âge et à leur espèce, et qui leur est fournie en quantité suffisante pour les maintenir en bonne santé et pour satisfaire leurs besoins nutritionnels. Aucun animal n'est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu'il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ». 

    Carte européenne - interdiction foie gras.

    http://www.stopgavage.com/

     

     

    Il se trouve que nous autres omnivores bipèdes qui mangeons n'importe quoi, ne sommes pas obligés de manger des cadavres d'animaux. Nous ne sommes pas des carnivores stricts ayant besoin de protéine d'origine animale. 

     

     

                 A mon niveau, je n'allais pas changer la face du monde et sauver tous les animaux. Alors j'ai commencé manger moins de viande. Pour ne plus en manger du tout. 

    Quelques minutes de plaisir dans l'assiette ne valent pas la vie d'un animal.

    Leur vie a de la valeur. Comme celle de mon chat.

    Alors à 44 ans j'ai fait le choix personnel de ne plus cautionner cela.

    Notre société peut et doit mieux faire.

    Je ne juge pas, après tout j'ai été omnivore pendant presque 44 ans. Trop facile de jeter la pierre car si cette industrie existe, c'est que la demande existe; mais maintenant ça sera sans moi.

    Faisons simplement l'effort d'avoir une réflexion sur ce sujet. Consommons en connaissance de cause. 

     

     

    Vache ; dessin

     

     

    Bibliographie - documents divers 

     

    • L'O.A.B.A. a publié la liste des abattoirs français pratiquants l'étourdissement: 

     

    Son livre : " Bon appétit, quand l'industrie de la viande nous mène en barquette" publié en février 2015 aux  éditions Presses de la Cité.

     

     

    •  "Samsara - food sequence". De Baraka & Samsara. Le visage de la consommation effrénée.

     

     

         

    • Poule de batterie sauvée de l'abattoir. Elle s'appelle "Little Miss Sunshine", avec Paula d'Edgar's Mission - Australie  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 23 Avril 2015 à 19:34

    Moi,je crois que l'homme est carnivore pourtant je mange très peu de viande,par gout pas par idéologie .Mais je crois qu'on se pose aussi trop de question .Avant ,le paysan ,la famille d'ouvrier avait poules ,canards,lapins et hop même si les enfants jouaient avec ...Ils passaient à la casserole et on t'apprenait que c'était comme cela .Et je trouve (tu me connais hein ),que certaines idéologies sont irréalistes ou en dépit du bon sens .Comme réintroduire les loups par exemple,il n'y en avait plus,tout le monde était tranquille et maintenant ils sont partout .S'ils n'étaient pas nés ,il n'y aurait pas eu de problèmes .Donc à partir du moment ou ,allez plus personne ne mange de viande,que fait-on des espéces ?Elles vont soit disparaitre ,soit envahir la planète .Et quand on voit tous ces pays ou les gens ,les enfants meurent de faim,je crois que eux ne se poseraient pas la question de savoir si le boeuf de l'entrecôte a souffert ou pas .

    Quand au bio,c'est un truc de pays riche,aucune étude n'a prouvé qu'il était meilleur que le non bio et le prix du bio ...3 € les 250 grs de fraises bio et 4 € les 2 kilos d'ESpagne .La mère de famille ne se pose pas la question . .

    Donc ,en résumé,je dirais que c'est bien d'avoir cette idéologie quand on peut ..et je la respecte

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    2
    Jeudi 23 Avril 2015 à 20:26

    Je te propose de lire l'article de départ sur "Pourquoi les animaux? 

    Comme tu le dis justement, il m'a fallu un certain espace dans ma vie pour réfléchir.  Comme des millions d'autres personnes l'ont fait avant moi. 

    Pour ce qui est des loups, je suis assez d'accord avec toi : ça n'est pas la peine de réintroduire des animaux là où nous allons les exterminer. On a réintroduit l'ours dans les Pyrénées et certains ont été abattus par des chasseurs. Ca n'était pas la peine de prélever des individus d'Europe Centrale pour qu'ils finissent leur vie ainsi. Autant leur fiche la paix.

    Nous ne mangeons pas de chien pourtant ils ne nous envahissent pas. Par contre on fait se reproduire à outrance des vaches et autres cochons pour nourrir des millions de bouche. 

    Non , l'homme est bien omnivore (opportuniste d'ailleurs, comme le chien ^^ )

    Sur wiki : " Spontanément, l'Homme (Homo sapiens) était et reste un omnivore opportuniste à tendance végétarienne dont la part de protéines animales admise dans la ration alimentaire varie selon les civilisations. En effet, son système digestif est conçu pour pouvoir consommer aussi bien des protéines animales que végétales même si la base de son alimentation est principalement constituée de produits végétaux : racines, feuilles, fruits, graines... (légumesfruitscéréales...) Toutefois, ses goûts propres, les famines, les modes, les convenances sociales, les connaissances scientifiques ou les croyances peuvent influencer ses choix, en particulier en ce qui concerne les sources de protéines3,4. " 

     ... Dans la dernière phrase, ils ont oublié de préciser le mot "éthique". tongue

     

    Merci pour ton passage ici wink2

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